• Et la mort n'aura pas d'empire.

     

    Les morts nus ne feront plus qu'un

    Avec l'homme dans le vent et la lune d'ouest.

    Quand leurs os becquetés seront propres, à leur place

    Ils auront des étoiles au coude et au pied.

    Même s'ils deviennent fous, ils seront guéris,

    Même s'ils coulent à pic, ils reprendront pied,

    Même si les amants se perdent, l'amour ne se perdra pas,

    Et la mort n'aura pas d'empire.

    Et la mort n'aura pas d'empire.

     

    Depuis longtemps couchés dans les dédales de la mer,

    Ils ne mourront pas dans les vents.

    Se tordant sur des chevalets quand céderont les tendons,

    Attachés à une roue, ils ne se briseront pas.

    La foi dans les mains cassera net

    Les démons unicornes les transperceront.

    Fendus de toutes parts, ils ne craqueront pas

    Et la mort n'aura pas d'empire.

    Et la mort n'aura pas d'empire.

     

    Les mouettes ne pousseront plus de cris dans leurs oreilles

    Et les vagues ne se fracasseront plus sur les rives.

    Où s'ouvrait une fleur peut-être qu'aucune fleur

    Ne lèvera la tête sous les rafales de pluie,

    Même s'ils sont fous et raides comme des rats morts

    Leurs têtes martèleront les marguerites,

    S'ouvriront au soleil jusqu'au dernier jour du soleil

    Et la mort n'aura pas d'empire.

     

    Dylan Thomas "And Death Shall Have No Dominion" 1933

     

    Poème extrait du recueil « Ce monde est mon partage et celui du démon »


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  •  Je viens de finir mon premier FRED VARGAS, "L'homme aux cercles bleus" (Paris : Hermé, 1991, 235 pages). C'est BIBA qui m'avait conseillé de lire cet auteur ou plutôt cette auteure car Fred Vargas est une femme. Elle a également écrit "Pars vite et reviens tard" ou "Sous les vents de Neptune".

    Comme tout polar qui se respecte, "L'homme aux cercles bleus" se lit presque d'une traite, avec l'envie de rouvrir le livre dès qu'on le ferme. L'intrigue est tortueuse à souhait, les morceaux du puzzle ne s'assemblent vraiment tous ensemble qu'à la toute fin du livre, laissant un goût un peu artificiel. Cette histoire de meurtre prémédité de longue date est-elle crédible ? Je ne sais pas mais le problème n'est pas là. D'ailleurs, je ne suis pas un familier des faits divers. Après tout pourquoi pas. Peut-on avoir envie de tuer intelligemment sa femme ? Faut voir.

    Je trouve que l'univers de Fred Vargas est assez proche de celui de Simenon ou de Chabrol. Les criminels sont parfaitement respectables. La province est convoquée même au coeur de Paris.

    L'écriture est assez aérienne, sans lourdeur et pourtant quelques phrases résonnent longtemps.

    Le personnage le plus intéressant du livre, c'est le commissaire Adamsberg. Voilà un flic original. Incapable de décrire sa méthode (comme Maigret d'ailleurs), de réfléchir, de se concentrer, laissant ses impressions, ses intuitions guider ses pas. On imagine un policier procéder scientifiquement. Adamsberg, lui, semble flotter dans son costume de flic et se montre pourtant fulgurant dans ses conclusions.

    Merci Fred Vargas pour ses heures qui comptent plus que d'autres. Au revoir Adamsberg, je sens qu'on va se revoir.

     

    Pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant : FRED VARGAS 

     

    kfg


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  • Amis lecteurs,

    Je voulais vous faire lire ce petit poème placé en exergue du livre éponyme de Primo Levi. En espérant qu'il vous donnera envie de lire le texte intégral.

    SI C'EST UN HOMME

    Vous qui vivez en toute quiétude

    Bien au chaud dans vos maisons,

    Vous qui trouvez le soir en rentrant

    La table mise et des visages amis,

    Considérez si c'est un homme

    Que celui qui peine dans la boue,

    Qui ne connaît pas de repos,

    Qui se bat pour un quignon de pain,

    Qui meurt pour un oui pour un non.

    Considérez si c'est une femme

    Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux

    Et jusqu'à la force de se souvenir,

    Les yeux vides et le sein froid

    Comme une grenouille en hiver.

    N'oubliez pas que cela fut,

    Non, ne l'oubliez pas :

    Gravez ces mots dans votre coeur.

    Pensez-y chez vous, dans la rue,

    En vous couchant, en vous levant ;

    Répétez-les à vos enfants.

    Ou que votre maison s'écroule,

    Que la maladie vous accable,

    Que vos enfants se détournent de vous.

     

     

     


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